Janvier 2021. Le terme de plusieurs mois d’attente, de déceptions relatives au contexte sanitaire COVID, d’interrogations et de doutes. Un report forcé en dernière minute d’un voyage initialement prévu pour novembre 2020. L’heure est enfin venue de m’envoler pour un safari de deux semaines en Tanzanie. Un voyage inoubliable et incontestablement marquant qui a eu une double signification pour moi. La découverte émerveillée d’un pays lointain qui me faisait rêver depuis mon enfance. Pour ses couleurs, ses paysages et ses animaux. A peine douze ans que je m’évadais déjà en pleine savane grâce à la lecture passionnée du livre Le roi des éléphants de Christian ZUBER.
Mais aussi et surtout une portée hautement symbolique à plusieurs égards. Ce voyage était en effet un auto-cadeau que je souhaitais me faire pour marquer l’anniversaire de mes 30 ans. Une manière de débuter cette nouvelle décennie de vie par une (re)connexion avec moi-même. Une (re)découverte de la jeune femme que je suis et des défis que je suis capable de relever.
Un voyage de cette envergure en solo dans un pays si dépaysant représentait pour moi une sortie totale de ma zone de confort. Un saut complet dans l’inconnu, avec son lot d’inquiétudes et d’excitation. Je ressors de cette aventure plus forte et plus riche que je ne l’étais avant de partir. Plus apaisée aussi. Plus consciente. J’ai autant appris sur ce pays et ses habitants, sa culture, que sur mes ressources intérieures et sur ce qui me définit. En tant que personne, en tant que femme et en tant que voyageuse. Me retrouver confrontée à la gestion logistique et psychologique d’un tel périple et avoir réussi à gérer ce dernier dans son intégralité en dépit de quelques imprévus m’emplit d’une immense fierté personnelle.
Je suis fière de m’être accrochée pour réaliser mon rêve. En dépit des critiques et des tentatives de découragement de mon entourage. Fière de m’être dépassée, d’avoir osé. Oser aller au-delà de mes limites, oser renoncer temporairement à mon confort. Les douches froides pendant presque quinze jours et les nuits en tente étaient pour moi chose nouvelle et pas des plus évidentes. Oser m’envoler seule sans repères et avoir foi en la beauté des rencontres et en la magie du moment. Fière d’y avoir cru.
Afin de vous partager un peu de ce séjour inoubliable, je me suis donc attelée à la rédaction d’un article. Article que j’ai voulu aussi complet et détaillé que possible. Pour, qui sait, apporter ce petit déclic à d’autres voyageur(se)s et leur donner envie de partir à la découverte ce si beau pays. Vous y trouverez des informations logistiques sur l’organisation de mon voyage. Mais également une partie plus personnelle sur différents ressentis que j’ai pu expérimenter pendant ce dernier.
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Quelques informations sur la Tanzanie
La Tanzanie, contraction de Tanganyika et de Zanzibar, fait rêver pour ses paysages sublimes qui comptent parmi les plus spectaculaires de la planète. La palette des panoramas, reliefs et couleurs éblouit par sa beauté et sa diversité. Dans ses immenses espaces vierges de tout être humain, la Tanzanie concentre la plus grande population de lions en Afrique. La seconde en guépards et éléphants, l’une des plus importantes en léopards, mais aussi de girafes. Principalement dans les parcs nationaux de Serengeti, le cratère de Ngorongoro, Tarangire et Ruaha, les plus réputés. Une véritable arche de Noé grandeur nature. La piste approximative et accidentée, les distances hallucinantes, des contrées ayant su préserver toute leur intimité se trouvent aux confins des lacs Victoria, Tanganyika et Nyassa, les trois plus grands du continent.
Mais la grande richesse de la Tanzanie, c’est sa population. Plus de 125 tribus parlant 120 langues, chacune avec ses traditions et sa culture. Les plus emblématiques, les guerriers Maasaï, sont d’origine nilotique et viennent du Soudan actuel. Ils incarnent une peuplade pastorale estimée à environ 300 000 individus qui ont gardé leurs valeurs et leur mode de vie intacts. Les habitants marchent (ou plutôt courent et traversent sans forcément regarder) en bord de route. Route où s’entrechoquent dans la poussière bus, daladala, tuk tuk et piki piki dans un joyeux bazarre. La brousse contraste avec les grandes villes toujours plus agitées.
La Tanzanie propose non seulement un patchwork ethnique très riche mais également les plus spectaculaires safaris du monde et des paysages somptueux.
Capitale : Dodoma (administrative), Dar es salaam (économique) et Arusha (touristique)
Monnaies : shilling tanzanien et dollar
Superficie : 945 090 km2 soit la superficie de la France et de l’Allemagne réunies
Population : 58 millions d’habitants
Langues : swahili et anglais
Taux de croissance : 7%
Taux de pauvreté : 47% de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour en 2018
Décalage horaire : +2h avec la France en hiver, +1h en été. Quand il est midi en Tanzanie, il est 10h en France en janvier et 11h en juillet
Saisonnalité : il y a deux saisons des pluies en Tanzanie. Une petite, de novembre à janvier, et une grande, de fin mars à mi-mai. Il est déconseillé de partir en safari sur la longue saison des pluies de mars à fin mai. Tout simplement car les pistes se transforment en sentiers boueux peu pratiquables. Ce qui limite beaucoup les chemins empruntables et force le visiteur à rester sur des sentiers balisés restreints
L’agence : Inno Africa Safaris – https://www.innoafrica.co.tz/
Inno Africa Safaris est un voyagiste d’aventures local francophone et anglophone basé à Arusha qui organise des séjours sur-mesure complètement personnalisés de A à Z en Tanzanie. Safaris animaliers dans les grands parcs nationaux, randonnées sur le mont Kilimandjaro, vacances farniente sur la plage à Zanzibar, excursions d’observation des oiseaux… Outre la faune, la flore, le trekking et les moments détente, ils organisent également des circuits culturels. En tant que promoteurs locaux de la Tanzanie, ils se sont spécialisés dans les services d’assistance en escale pour les touristes étrangers. L’équipe est composée d’experts locaux, pour un réseau qui s’étend dans tout le pays pour un service fiable, réactif et adaptatif.
A titre personnel, j’ai dû décaler en last minute ce voyage originellement prévu pour novembre 2020. Inno Africa s’est montré très compréhensif et à l’écoute pour un report sans le moindre accroc. De l’accueil à l’aéroport jusqu’au moment du retour deux semaines plus tard, en passant par les formalités logistiques contraignantes liées au contexte sanitaire à intégrer dans le programme (test PCR) et le choix soigné des hébergements.
L’équipe (Semvua, l’un des gérants, ainsi que Lazaro et Dullah, mon tandem de guides francophones de choc) a été aux petits soins et d’une grande écoute par rapport à mes envies et à ce qui m’intéressait le plus. Fins psychologues, ils ont rapidement cerné que j’étais plus fascinée par les gros félins et les éléphants plutôt que par les pintades et autres volatiles ! Et ils se sont adaptés au fil de l’eau pour calibrer une expérience inoubliable et qui me ressemblait.
De bons moments à foison, des fous rires, un apprentissage accéléré du swahili (je connais presque tous les noms swahilis des animaux de la savane !). Mais aussi une conduite hors pair sur les pistes pour un « massage à l’africaine » garanti, un regard acéré pour repérer les animaux parfois cachés juste sous nos yeux, des explications toujours à propos sur le mode de vie de tel animal ou sur telle ou telle coutume du peuple massai. Je recommande cette agence les yeux fermés.
Semvua est même venu me trouver quelques jours avant le retour en France pour faire un débriefing du voyage et s’assurer que tout avait bien été conforme à mes attentes, et voir comment adapter le programme des derniers jours. On termine en ayant presque l’impression de faire partie de la famille ! D’ailleurs, Lazaro, ton fils est décidément bien trop mignon, et Semvua, que dire de ta géniale mama… et le petit plus non négligeable, en passant par une agence locale basée directement sur place, on sait qu’aucun intermédiaire européen ne se sert et que 100% des bénéfices vont directement aux acteurs locaux et à la préservation des parcs nationaux…
Le programme du séjour
Jour 1 – Accueil à Arusha – Karibuni Tanzania ! Accueil par mon guide depuis l’aéroport d’arrivée (aéroport international du Kilimanjaro). Transfert vers Arusha. Briefing sur les étapes de mon safari. Dîner et nuit au Mambo Hideaway.
Jour 2 – Tarangire. Le sanctuaire (ou le paradis devrais-je dire) des éléphants, avec ses étendues de baobabs. Ce parc est un très bel avant-goût d’un safari avec sa concentration animalière variée. Dîner et nuit au Kizumba Camp.
Jour 3 – Serengeti – pour l’amour de la savane. Un parc tant convoité pour ses plaines immenses de savane à perte de vue. Ce parc est le deuxième plus grand de Tanzanie avec ses 14 763 km2 ! Il fût communément appelé le « Siringeti » dans la langue originelle Maasai, signifiant « les plaines sans fin ». Il a été créé par l’administration coloniale britannique en 1951, afin de permettre une conservation optimale de la faune et de la flore en surveillant le braconnage et l’agriculture extensive. A travers les taxes et droits d’entrée dans ces parcs, le tourisme permet ainsi de financer une partie du budget du pays. Notamment les dépenses nécessaires à la gestion de ces espaces naturels.
Ce parc national est aussi celui où la concentration animalière est la plus dense en Afrique. On y retrouve les fameux big five (que j’ai eu la chance de croiser) et de nombreuses autres espèces de gibiers, des hyènes, lycaons, hippopotames,… J’ai également eu l’opportunité d’assister à l’une des deux grandes migrations annuelles de gnous, zèbres et antilopes. Dîner et nuit au Osinon Luxury Camp.
Jour 4 – Serengeti – toute la journée. Safari dans le centre du Serengeti. Dîner et nuit au Osinon Luxury Camp.
Jour 5 – De la savane à la vallée du Grand Rift. Safari dans les plaines du Serengeti avant de reprendre la route vers Ngorongoro en mi-journée. Découverte de magnifiques points de vue sur la vallée du grand rift tout au long du trajet. Dîner et nuit au Simba Public Camp.
Jour 6 – Le massif du cratère : zone de conservation du Ngorongoro. Bienvenue dans la 8ème Merveille du Monde ! Ce site d’exception est classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Il a été l’un des plus beaux souvenirs de mon safari, incontestablement mon coup de cœur. Pour sa macédoine de couleurs, ses panoramas grandioses et ses animaux si nombreux. Le massif du cratère et sa barrière végétalisée recensent plus de 25000 espèces différentes. Déjeuner au bord du lac Magadi pour y observer les hippopotames. Dîner et nuit au village en bivouac.
Jour 7 – Rencontre avec les Massai du Boma d’Engaruka. Le village d’Engaruka se trouve près du lac Natron. Ce village est choisi par Inno Africa safaris pour faire découvrir l’authentique culture massai, loin des sentiers touristiques. Quelques activités dans le boma comme aller chercher de l’eau avec les mama et aller flâner dans un grand marché local… Reprise de la route vers Natron tout en appréciant les terres agricoles aux abords de la région de Karatu avant de rejoindre les routes de pistes qui mènent à Natron. Diner et nuit au World Division Camp.
Jour 8 – Natron, le grandiose. Découverte de la région du lac Natron et de ses panoramas grandioses. Passage aux cascades de Ngaresero à travers les bomas Maasai traditionnels. Un guide massai nous accompagne pour ce qui s’avère être une opération digne des forces spéciales. La vague sensation d’être un cabris équipé de claquettes escaladant des rochers à flanc de montagne avec le cours d’eau au beau milieu… sensations fortes garanties, attention à la chute ! Diner et nuit au World Division Camp.
Jour 9 – Natron vers Arusha. Diner et nuit au Crest Safari Lodge.
Jour 10 – Découverte de la vie locale à Arusha. Et une expérience épique du tant redouté test PCR à l’hôpital Mount Meru. Test obligatoire à ce moment-là pour pouvoir embarquer dans l’avion et rentrer en France. Nous avons attendu cinq heures sous un soleil de plomb pour décrocher le précieux sésame. Les process tanzaniens ne sont absolument pas les mêmes que les process français. Voir plus bas dans l’article pour un petit topo logistique sur le sujet. En fin de journée, coucher de soleil sur la petite colline de Kilimamoto. Cours de cuisine locale chez Mama Semvua – j’ai appris à cuisiner un délicieux pilau, une spécialité culinaire originaire de l’île de Zanzibar. Diner et nuit au Crest Safari Lodge.
Jour 11 – Oasis de Chemka et chutes d’eau de Materuni. L’oasis de Chemka est non seulement agréable pour la baignade dans ses eaux cristallines mais il est également très apprécié pour la vue imprenable dont il dispose sur le Mont enneigé du Kilimanjaro. Chemka signifie de l’eau bouillante en swahili. Il s’agit en fait d’eau qui vient du Kilimanjaro et qui passe dans les roches qui la chauffent à environ 25 degrés. Pas un incontournable même si agréable, cette visite peut constituer une variable d’ajustement du planning en cas de manque de temps.
Les chutes d’eau de Materuni, elles, valent le détour. Au terme d’une randonnée d’environ une heure en longeant une piste bordée de bananiers et de caféiers (saviez-vous que les bananiers et les caféiers poussent en véritable binôme, le premier fournissant ombre et humidité indispensables à la bonne croissance du second ?), vous arrivez à une majestueuse cascade au bord de laquelle vous pouvez vous poser un peu pour vous rafraîchir. Au retour, un collectif local chargé de l’exploitation des cultures de café vous attend pour une démonstration de préparation du café, de la récolte des grains jusqu’à la torréfaction artisanale. Diner et nuit au Crest Safari Lodge.
Jour 12 – Trajet retour vers l’aéroport
Equipement à prévoir (non exhaustif)
– Le matériel de photographie et d’observation. Un bon appareil avec un zoom d’au moins 300mm pour pouvoir capturer des images de qualité. Une petite paire de jumelles pour observer les animaux un peu cachés ou isolés.
– Chaussures. Une paire de chaussures fermées pour le safari (solide paire de chaussures de randonnée ou même de montagne). Une paire de sandales (ou tongs) pour les soirées de détente sont indispensables.
– Sac de couchage. La location est possible sur place. Cependant n’hésitez pas à solliciter votre entourage pour vous en procurer un avant le départ et éviter une dépense inutile.
– Lampe frontale. Celle-ci s’avère très utile lorsque vous campez au sein des parcs plongés dans l’obscurité, notamment pour vous rendre aux sanitaires en pleine nuit.
– Gant et serviette pour votre toilette.
– Trousse à pharmacie. Bien que les équipes locales aient à leur disposition une pharmacie de base, cela ne vous empêche pas de prendre quelques médicaments de votre côté. Doliprane, pansements, anti-diarréique, anti-moustique, anti-paludéen, etc.
– Hygiène. Lingettes et solutions antiseptiques peuvent être nécessaires lors d’un safari en camping. Favorisez des produits non-polluants pour la planète (lingettes biodégradables par exemple).
– Vêtements. Plusieurs bas confortables et amples type sarouels ou joggings. Tee shirts manches courtes et manches longues. Une polaire. Une casquette. Le tout de préférence dans des teintes crème, beige, marron ou kaki. En effet, les couleurs vives et flashy sont à proscrire pour éviter de se faire repérer par les animaux qui vont avoir tendance à fuir ou se cacher. Les teintes sombres comme le noir ou le bleu marine attirent les mouches tsé tsé et les moustiques !
Vaccins et visa
Certains vaccins sont recommandés ou nécessaires pour voyager en Tanzanie. L’OMS recommande les vaccins suivants : typhoïde, hépatite A, hépatite B, fièvre jaune et rage. Le paludisme, la dengue et le virus chikungunya sont tous présents dans le pays. Assurez-vous d’emporter un bon spray anti-moustiques et un traitement antipaludéen type malarone / atovaquone / proguanil.
On peut vous demander de fournir une preuve de vaccination contre la fièvre jaune si vous venez d’un pays où la fièvre jaune est endémique. Personnellement, les autorités ont vérifié mon carnet de vaccination dès l’arrivée à l’aéroport du Kilimandjaro. A ne pas négliger donc !
Si vous êtes français, vous avez besoin d’un visa pour ce pays, quelle que soit la durée de votre voyage. Si vous vous rendez en Tanzanie pour un voyage touristique, le visa Tourisme (L) est obligatoire. Sans celui-ci, vous ne pourrez pas entrer dans le pays. Un passeport dont la validité est supérieure à 6 mois à compter de la date d’arrivée en Tanzanie est exigé par les autorités tanzaniennes.
L’Ambassade de Tanzanie à Paris ne délivre plus aucun visa depuis novembre 2019. Elle privilégie désormais le visa électronique uniquement sur le site du gouvernement : https://eservices.immigration.go.tz/visa/
Toutefois, lorsque le voyageur n’a pas la possibilité d’effectuer une demande de visa avant son départ, il peut en obtenir la délivrance directement à l’arrivée aux aéroports internationaux de Dar-Es-Salaam, Zanzibar et Kilimandjaro, ainsi qu’aux ports de Dar-Es-Salaam, Zanzibar et Kigoma.
Ce visa coûte 50 dollars.
Adresse utile
Ambassade de France à Dar Es Salam
Adresse : Ali Hassan Mwinyi Road (angle Kilimani Road) – PO box 2349 – Dar es Salaam
Tél. : +255 22 219 88 00
Permanence en dehors des heures de bureau (à utiliser seulement en cas d’urgence) : +255 784 210 396
Fax : +255 22 219 88 15
Site Internet : www.ambafrance-tz.org/
Cette adresse peut s’avérer très utile actuellement si vous pressentez que vous ne recevrez pas le résultat de votre test PCR à temps pour rentrer en France. Dans ces cas-là, anticipez et contactez-les en amont 24 à 48h avant le départ de votre vol pour leur expliquer la situation. Et solliciter une dispense de présentation dudit test à l’embarquement. Il faut être en mesure de prouver que l’on a bel et bien effectué et payé le test (reçu de paiement de l’hôpital ou du dispensaire où le prélèvement a été effectué), copie du passeport, du visa et du billet d’avion.
Ils sont plutôt très réactifs, et cela peut vous éviter une belle déconvenue ! J’ai fait appel à eux le matin de mon vol qui partait le soir à 21h, car j’avais peur de ne pas recevoir le résultat. Ils m’ont envoyé en fin de matinée par mail une dispense signée par le consulat. J’ai finalement quoiqu’il en soit reçu le résultat à temps… mais une heure avant de devoir embarquer !
Les petits bémols
ATTENTION : je n’aborde ici que quelques ressentis purement personnels. Ces derniers n’ont en aucun cas une valeur de jugement ou de critique envers les populations locales. Il s’agit simplement de partager ce que, en tant que voyageuse / femme européenne, l’on peut être amenée à ressentir. Cela ne relève absolument pas d’une quelconque posture méprisante ou colonialiste. Mais uniquement d’une volonté de lever un tabou et de peut-être, permettre à d’autres voyageur(se)s de déculpabiliser. Et de se dire que c’est totalement normal de ressentir ce genre de choses. Cela ne fait pas de nous des mauvaises personnes.
Il faut bien garder une chose essentielle à l’esprit en voyageant dans un pays aussi éloigné culturellement, historiquement et socialement parlant de nos points de repère. Le choc émotionnel et psychologique peut, dans certaines situations, être intense et parfois même brutal si l’on n’a pas bien anticipé certaines choses. C’est là toute la richesse de ce genre de périples. Mais également potentiellement une source d’anxiété et de malaise.
Trois exemples :
La pauvreté extrême. Même au cœur des villes, cela peut prendre de court les premiers temps. Nous qui sommes habitués à des villes globalement très propres, avec une architecture spécifique, des routes en bon état, … là-bas, tout n’est que récupération et débrouillardise. Commerces et habitations de fortune sont en immense majorité faits avec des matériaux de récupération (tôle, palettes de bois). Elles reposent à même la terre battue. Les enfants jouent par terre dans la saleté. De nombreux chiens errants vagabondent de ci de là. Une proportion phénoménale de personnes sont juste assis là, à attendre. Attendre le long d’une route, attendre à côté d’un arbre ou d’une maison.
On perçoit alors toute la précarité et l’absence de « structures » qui laisse les gens désœuvrés sans réel but. La contrepartie de cela, c’est une solidarité qui transpire à chaque détour de rue. Comme me l’ont confirmé plusieurs locaux, là-bas, les aides économiques de l’Etat ou le soutien d’infrastructures publiques, cela n’existe pas. Les gens ne peuvent compter que les uns sur les autres pour se rendre des services et subsister. Cela remet cruellement en perspective notre système européen qui prend alors une tonalité indécente d’assistanat…
Mon court séjour chez les massai. Cet épisode ne m’a pas laissée indifférente, loin de là. A peine arrivée, les jeunes hommes du boma ont sacrifié une chèvre juste sous mes yeux en guise de cadeau de bienvenue pour préparer un festin pour le soir. Leur régime alimentaire étant exclusivement constitué de viande, de lait et de sang, ils choisissent une méthode qui permet de ne rien gâcher et de tout conserver de l’animal. J’ai donc assisté, impuissante et muette, au supplice d’une chèvre étouffée à la main qui a agonisé pendant près de dix longues minutes en me lançant des regards désespérés. Avant qu’on ne la dépèce toujours devant moi, pour boire son sang et recueillir ses boyaux dont les massai ont coutume de faire une soupe traditionnelle. Conseil a posteriori : avoir le cœur et l’estomac bien accrochés !
De manière globale, ces populations reculées vivent encore de manière réellement traditionnelle. Et expérimentent de facto un mode de vie bien (trop ?) éloigné de nos référentiels habituels. Des huttes faites de torchis, une proximité immédiate avec le bétail, une odeur continuelle très forte qui perturbe et saisit. Des enfants uniquement vêtus d’un morceau de tissu noué au niveau de l’épaule. A se renseigner sur leurs us et coutumes, l’on réalise que chez eux, la place donnée à la femme et à la notion de consentement n’est pas du tout la même qu’ici. Et c’est probablement ce qui m’a le plus heurtée en tant que jeune femme française.
Le chef du boma fait du nombre de femmes qu’il possède un signe extérieur de sa richesse et de sa réussite économique. Certaines sont vraiment jeunes. Un voyageur de passage peut, en demandant son accord, passer la nuit avec l’une de ces femmes, qui doit « accueillir » sans avoir son mot à dire. Chaque femme possède sa propre hutte. Une petite habitation étroite et plongée dans l’obscurité au sein de laquelle elle n’a qu’un petit espace pour dormir (sur une peau de chèvre), et quelques étagères garnies d’ustentiles de cuisine.
L’excision a encore cours dans ces villages, dans des conditions rustiques. Cela donne parfois encore lieu à des décès suite à des infections non contrôlées et non soignées. Les femmes de ces tribus, et ces tribus au sens large, ont une vie que l’on peut qualifier de dure. S’occuper des enfants, faire plusieurs kilomètres voire plusieurs dizaines de kilomètres par jour pour aller chercher de l’eau. Confier la gestion des troupeaux aux jeunes garçons, souvent dès l’âge de 5/6 ans.
Autant de choses qui m’ont émue et fait un peu mal au cœur, je dois bien l’avouer.
La vague sensation de malaise que l’on peut expérimenter par rapport à notre positionnement en tant que touriste étranger et en provenance d’un pays riche et développé. La sollicitation par les marchands ambulants est monnaie courante (bracelets, petits objets d’artisanat, babioles, tissus). Et même si l’on apprend assez rapidement à dire « non merci » dans la langue locale (“hapana asante” en swahili), ces sollicitations à répétition sont souvent pesantes et gênantes. Car le « non merci » poli et ferme ne décourage pas le moins du monde et pousse à l’insistance.
J’ai parfois eu une jeune femme qui restait juste devant moi pendant de longues minutes en me tendant ses articles. Ce qui m’obligeait au bout d’un moment à détourner le regard pour l’ignorer. Force est de reconnaître que nous ne sommes pas très bien armés culturellement face à cela en tant qu’européens. Malgré nous, pour eux, nous demeurons de riches touristes qui pouvons bien donner un petit billet à chaque démarcheur…
En tant que photographe professionnelle, ma frustration restera de ne pas avoir pu autant que souhaité capturer de portraits des locaux. Hors de tout parti pris méprisant ou avilissant de ma part, les regards que j’ai pu capter parfois me laissaient un arrière-goût amer. Ces personnes avaient l’air gênées d’être prises en photo. Je me suis parfois sentie assignée malgré moi à un rôle de composition qui ne correspond ni à ma mentalité ni à mes valeurs humaines. Celle d’une touriste en pleine visite d’une exposition universelle ou d’un zoo et qui cherche à « photographier l’indigène ». Ce qui n’était bien entendu absolument pas ma volonté. Je trouvais simplement tout le monde tellement beau et photogénique !
Les prendre en photo était pour moi une manière de leur rendre hommage en tant que sujets. Des visages expressifs, des beautés de caractère, des regards perçants… Autant de choses que je me suis volontairement retenue de trop immortaliser. Pour ne pas heurter les populations locales et passer pour une « touriste de base ».
Malgré ces quelques petits bémols complètement marginaux par rapport à cette expérience unique, ce voyage restera l’un des plus beaux de ma vie. Pour la découverte de ce sublime pays qui vaut définitivement le détour. Mais aussi pour la concrétisation d’un rêve de longue haleine et l’émerveillement de mes yeux d’enfant. Par les enseignements que j’ai pu en retirer sur moi-même et les leçons de vie et d’humilité que je m’efforcerai de garder en mémoire pour relativiser les pseudos difficultés de mon quotidien de privilégiée…
Quelques mots en swahili
Safari – n’a pas la signification occidentale en swahili au sens d’aller dans la savane. En réalité, cela veut dire « voyage », c’est-à-dire se déplacer d’un point A à un point B, sans connotation touristique. D’ailleurs, on dit « safari njema » pour souhaiter bon voyage
Bonjour – Jambo
Ca va ? – Habari ?
Bien – Nzuri
Bienvenue – Karibu
Merci – Asante
Merci beaucoup – Asante Sana
Pas de soucis – Hakuna Matata
Au revoir – Kwa Heri
Doucement – Pole Pole
Bonne nuit – Ousikumuema
Toi aussi – Nawewe pia
Eléphant – Tembo
Gnou – Gnumbo
Crocodile – Mamba
Himpala – Swala pala
Gazelle – Swala
Zèbre – Punda mlia
Hippopotame – Kiboko
Rhinocéros – Faru
Au revoir – Quaere
Comment tu t’appelles ? – Aiquidia